Il n’est pas question ici, vous l’aurez compris, d’un disque facile. La musique d’Immune ne se laisse approcher qu’après moultes tractations et négociations, en jurant notamment de revenir à une écoute bien moins directe et spontanée que l’impose l’ensemble de la production musicale actuelle. Toutes proportions gardées, Immune est à la pop ce que Ligeti est à la musique classique, le côté obscur, la face nord, la plus inaccessible, mais à l’arrivée, la plus belle. Les lignes mélodiques y sont suggérées, les répétitions de phrases tristes imprègnent l’auditeur d’une moiteur étrangement maternelle. Sensation sûrement due au choix d’instrumentations essentiellement organiques, appuyées par des boucles électro savamment dosées, notamment le piano, omniprésent mais pas envahissant - ce paradoxe à lui seul suffit à souligner l’extrême finesse de cette musique. Même si la basse aurait mérité d’être un peu plus en avant, la production de ce disque semble avoir pour mot d’ordre l’épure. Et de nos jours, l’équation "musique = épure" relève de la gageure, et rien que pour ce choix courageux il convient de féliciter Immune.
Enfin, il y a cette voix, celle de Gary Soubrier, incroyablement douce, ronde, chaude et friable. Les amateurs d’Elbow savent de quoi il en retourne. Cette voix est le pendant rassurant de cette musique transcutanée, cette musique qui ne se contente pas de se laisser écouter mais qui envahit l’auditeur et le pénètre par tous ses pores, lui mettant tous les sens en éveil. Immune est actuellement en cours d’enregistrement, inutile de préciser que l’attente devient pénible. From Pinkusion.com